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  • Arnaud Rousseau dans le JDD : « La conjoncture de ces trois derniers mois, avec un gouvernement démissionnaire et l’absence complète de discussions à l’échelle européenne sur les questions agricoles depuis le 9 juin, est au cœur de nos préoccupations. »

    Dimanche 25.08.2024, le Journal Du Dimanche publiait lune interview complète d’Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. Conjoncture, situation politique, récoltes, FCO, distribution, projet de loi de programmation agricole, gestion de l’eau ou prédation … : tous les sujets agricoles de la rentrée 2024 en une interview détaillée. La trêve estivale des JO a relégué au […]

    Dimanche 25.08.2024, le Journal Du Dimanche publiait lune interview complète d’Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. Conjoncture, situation politique, récoltes, FCO, distribution, projet de loi de programmation agricole, gestion de l’eau ou prédation … : tous les sujets agricoles de la rentrée 2024 en une interview détaillée.

    La trêve estivale des JO a relégué au second plan les difficultés du quotidien, mais, pour les agriculteurs, l’été a-t-il été facile ?
    Pour les agriculteurs, l’été est une période intense. Que l’on soit viticulteur avec les vendanges qui viennent de commencer, producteur de grandes cultures céréalières, arboriculteur ou encore maraîcher, c’est un moment crucial où tout se joue pour les chefs d’exploitation. La conjoncture de ces trois derniers mois, avec un gouvernement démissionnaire et l’absence complète de discussions à l’échelle européenne sur les questions agricoles depuis le 9 juin, est au cœur de nos préoccupations.

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    Le sujet le plus urgent concerne l’élevage avec l’épidémie de fièvre catarrhale, la maladie de la langue bleue. Combien de foyers d’infection avez-vous recensés ?
    Cent quatre-vingt-dix foyers de fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 sont recensés au 22 août. Ces foyers se développent à très grande vitesse. Cependant, nous sommes convenus avec les pouvoirs publics d’une règle : communiquer chaque vendredi avec un nouvel arrêté afin de garantir que les cas soient bien identifiés et confirmés. Certains cas peuvent en effet ressembler à la fièvre catarrhale sans en être, ce qui nécessite des analyses approfondies par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).

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    Le ministre de l’Agriculture a indiqué que le gouvernement avait commandé un million de doses pour les ovins et cinq millions pour les bovins. Cela suffit-il à enrayer l’épizootie ?
    Cela permet en tout cas aux éleveurs qui commandent des vaccins de les recevoir dans des délais raisonnables. À l’heure où nous parlons, il n’y a pas de pénurie. Cependant, si la maladie devait se propager massivement, comme cela a été le cas aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Belgique, il serait nécessaire de commander des doses supplémentaires.

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    L’autre fait majeur de l’été est la mauvaise récolte de blé, l’une des pires de ces quarante dernières années. Quelles sont les conséquences pour les exploitants ?
    2024 est une année noire et aura des impacts majeurs sur le chiffre d’affaires des exploitations agricoles. Pour une ferme céréalière moyenne qui dispose de 80 hectares de blé, les pertes peuvent atteindre entre 30.000 et 40.000 euros. C’est une vraie préoccupation, non seulement en raison de l’impact d’une mauvaise récolte sur la trésorerie, mais aussi parce que les fonds nécessaires pour préparer le prochain cycle d’exploitation de la ferme sont directement impactés. D’où l’urgence d’une intervention rapide de l’État. Ce que nous demandons à l’État depuis plusieurs semaines, sans réponse, ce sont des prêts de trésorerie, une forme de PGE (prêt garanti par l’État) agricole. Un autre point d’inquiétude concerne les prix, car nous sommes soumis aux prix mondiaux des céréales. À l’échelle des grands pays producteurs de blé, la récolte est bonne et en quantité suffisante, les prix restent donc bas. Pour les agriculteurs français, c’est la double sanction : faibles quantités et prix bas.

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    Leclerc vient de se voir infliger une amende record de 38 millions d’euros pour non-respect du cadre des négociations avec les producteurs et industriels. Est-ce une sanction de nature à rééquilibrer le rapport de force avec les distributeurs ?
    La justice fait son travail, c’est une bonne nouvelle. Sans rentrer dans les détails de cette affaire, au-delà du respect des délais imposés par la loi, nous demandons depuis des mois des négociations en deux temps. D’abord entre producteurs et industriels, puis entre industriels et grande distribution, afin de construire un prix « en marche avant ». Cela permettrait d’éviter que les producteurs reçoivent seulement ce qui reste après les négociations, une somme souvent dérisoire et insuffisante pour couvrir les coûts de production. À force de privilégier systématiquement le prix le plus bas, on a perdu de vue le coût réel de production des aliments en France.

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    Le projet de loi de programmation agricole est gelé en raison de la dissolution. Vous saisissez cette opportunité pour réécrire un projet clefs en main pour le prochain gouvernement…
    Le sujet agricole est en suspens depuis plusieurs mois. Nous ne savons pas quel sera le futur gouvernement, mais nous voulons montrer que nous sommes prêts à travailler sur des propositions concrètes, sérieuses et applicables dès demain. Nous les rédigeons en ce moment. Il s’agit d’un projet de loi pour entreprendre en agriculture, qui sera finalisé d’ici à la fin du mois. Nous en ferons la communication, et quel que soit le gouvernement en place, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs auront à cœur de le défendre. N’ayons pas la mémoire courte, en janvier dernier, le gouvernement et tous les partis politiques étaient d’accord pour apporter des réponses sur la souveraineté alimentaire, sur le revenu des agriculteurs, sur la simplification administrative… Aujourd’hui, rien n’a changé, pire, ils ont créé de la colère.

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    Redoutez vous la montée d’une nouvelle vague de colère des agriculteurs ?
    Je ne la crains pas, car en réalité, elle est déjà là, sous-jacente, la situation est devenue critique. Pour tous les agriculteurs que j’ai rencontrés, partout en France, dans toutes les filières, il y a un sentiment d’abandon, un grand vide.

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    Marc Fesneau avait promis de défendre l’accès à l’eau, notamment avec des bassines lorsque c’est utile. A-t-il tenu parole ?
    Certains sujets ont avancé, comme les procédures et quelques décrets pris, mais en ce qui concerne des mesures concrètes telles que la construction de nouvelles réserves, le financement et la législation, on n’y est pas du tout. Cette année, les précipitations ont été bien supérieures à la normale sur tout le territoire, c’était une occasion idéale pour stocker de l’eau sans impacter les milieux. En fin de compte, on ne peut pas dire que cette gestion soit une réussite à mettre au crédit de Marc Fesneau.

    ____

    Le retour du loup sur l’ensemble du territoire constitue une nouvelle menace pour les éleveurs. Le gouvernement autorise des tirs de défense, strictement encadrés. Est-ce suffisant ?
    Non. Cette année, la prédation a augmenté de 15 à 20 % sur les troupeaux. Aujourd’hui, on recense un peu plus de mille loups, contre un seuil initial de cinq cents. Plus de quatre-vingts départements sont colonisés par le loup, c’est quasiment maintenant toute la France. Pour les éleveurs, c’est un véritable drame. Chaque matin, ils se lèvent avec l’angoisse de découvrir leurs brebis égorgées. Les agriculteurs et le pastoralisme sont des acteurs clefs de l’aménagement des territoires. Leur présence est indispensable. Prenons l’exemple du massif du Vercors, si demain l’élevage venait à disparaître, sans aucune autre activité, à terme, cela se traduirait par de la broussaille et des feux.

    La trêve estivale des JO a relégué au second plan les difficultés du quotidien, mais, pour les agriculteurs, l’été a-t-il été facile ?
    Pour les agriculteurs, l’été est une période intense. Que l’on soit viticulteur avec les vendanges qui viennent de commencer, producteur de grandes cultures céréalières, arboriculteur ou encore maraîcher, c’est un moment crucial où tout se joue pour les chefs d’exploitation. La conjoncture de ces trois derniers mois, avec un gouvernement démissionnaire et l’absence complète de discussions à l’échelle européenne sur les questions agricoles depuis le 9 juin, est au cœur de nos préoccupations.

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    Le sujet le plus urgent concerne l’élevage avec l’épidémie de fièvre catarrhale, la maladie de la langue bleue. Combien de foyers d’infection avez-vous recensés ?
    Cent quatre-vingt-dix foyers de fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 sont recensés au 22 août. Ces foyers se développent à très grande vitesse. Cependant, nous sommes convenus avec les pouvoirs publics d’une règle : communiquer chaque vendredi avec un nouvel arrêté afin de garantir que les cas soient bien identifiés et confirmés. Certains cas peuvent en effet ressembler à la fièvre catarrhale sans en être, ce qui nécessite des analyses approfondies par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).

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    Le ministre de l’Agriculture a indiqué que le gouvernement avait commandé un million de doses pour les ovins et cinq millions pour les bovins. Cela suffit-il à enrayer l’épizootie ?
    Cela permet en tout cas aux éleveurs qui commandent des vaccins de les recevoir dans des délais raisonnables. À l’heure où nous parlons, il n’y a pas de pénurie. Cependant, si la maladie devait se propager massivement, comme cela a été le cas aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Belgique, il serait nécessaire de commander des doses supplémentaires.

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    L’autre fait majeur de l’été est la mauvaise récolte de blé, l’une des pires de ces quarante dernières années. Quelles sont les conséquences pour les exploitants ?
    2024 est une année noire et aura des impacts majeurs sur le chiffre d’affaires des exploitations agricoles. Pour une ferme céréalière moyenne qui dispose de 80 hectares de blé, les pertes peuvent atteindre entre 30.000 et 40.000 euros. C’est une vraie préoccupation, non seulement en raison de l’impact d’une mauvaise récolte sur la trésorerie, mais aussi parce que les fonds nécessaires pour préparer le prochain cycle d’exploitation de la ferme sont directement impactés. D’où l’urgence d’une intervention rapide de l’État. Ce que nous demandons à l’État depuis plusieurs semaines, sans réponse, ce sont des prêts de trésorerie, une forme de PGE (prêt garanti par l’État) agricole. Un autre point d’inquiétude concerne les prix, car nous sommes soumis aux prix mondiaux des céréales. À l’échelle des grands pays producteurs de blé, la récolte est bonne et en quantité suffisante, les prix restent donc bas. Pour les agriculteurs français, c’est la double sanction : faibles quantités et prix bas.

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    Leclerc vient de se voir infliger une amende record de 38 millions d’euros pour non-respect du cadre des négociations avec les producteurs et industriels. Est-ce une sanction de nature à rééquilibrer le rapport de force avec les distributeurs ?
    La justice fait son travail, c’est une bonne nouvelle. Sans rentrer dans les détails de cette affaire, au-delà du respect des délais imposés par la loi, nous demandons depuis des mois des négociations en deux temps. D’abord entre producteurs et industriels, puis entre industriels et grande distribution, afin de construire un prix « en marche avant ». Cela permettrait d’éviter que les producteurs reçoivent seulement ce qui reste après les négociations, une somme souvent dérisoire et insuffisante pour couvrir les coûts de production. À force de privilégier systématiquement le prix le plus bas, on a perdu de vue le coût réel de production des aliments en France.

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    Le projet de loi de programmation agricole est gelé en raison de la dissolution. Vous saisissez cette opportunité pour réécrire un projet clefs en main pour le prochain gouvernement…
    Le sujet agricole est en suspens depuis plusieurs mois. Nous ne savons pas quel sera le futur gouvernement, mais nous voulons montrer que nous sommes prêts à travailler sur des propositions concrètes, sérieuses et applicables dès demain. Nous les rédigeons en ce moment. Il s’agit d’un projet de loi pour entreprendre en agriculture, qui sera finalisé d’ici à la fin du mois. Nous en ferons la communication, et quel que soit le gouvernement en place, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs auront à cœur de le défendre. N’ayons pas la mémoire courte, en janvier dernier, le gouvernement et tous les partis politiques étaient d’accord pour apporter des réponses sur la souveraineté alimentaire, sur le revenu des agriculteurs, sur la simplification administrative… Aujourd’hui, rien n’a changé, pire, ils ont créé de la colère.

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    Redoutez vous la montée d’une nouvelle vague de colère des agriculteurs ?
    Je ne la crains pas, car en réalité, elle est déjà là, sous-jacente, la situation est devenue critique. Pour tous les agriculteurs que j’ai rencontrés, partout en France, dans toutes les filières, il y a un sentiment d’abandon, un grand vide.

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    Marc Fesneau avait promis de défendre l’accès à l’eau, notamment avec des bassines lorsque c’est utile. A-t-il tenu parole ?
    Certains sujets ont avancé, comme les procédures et quelques décrets pris, mais en ce qui concerne des mesures concrètes telles que la construction de nouvelles réserves, le financement et la législation, on n’y est pas du tout. Cette année, les précipitations ont été bien supérieures à la normale sur tout le territoire, c’était une occasion idéale pour stocker de l’eau sans impacter les milieux. En fin de compte, on ne peut pas dire que cette gestion soit une réussite à mettre au crédit de Marc Fesneau.

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    Le retour du loup sur l’ensemble du territoire constitue une nouvelle menace pour les éleveurs. Le gouvernement autorise des tirs de défense, strictement encadrés. Est-ce suffisant ?
    Non. Cette année, la prédation a augmenté de 15 à 20 % sur les troupeaux. Aujourd’hui, on recense un peu plus de mille loups, contre un seuil initial de cinq cents. Plus de quatre-vingts départements sont colonisés par le loup, c’est quasiment maintenant toute la France. Pour les éleveurs, c’est un véritable drame. Chaque matin, ils se lèvent avec l’angoisse de découvrir leurs brebis égorgées. Les agriculteurs et le pastoralisme sont des acteurs clefs de l’aménagement des territoires. Leur présence est indispensable. Prenons l’exemple du massif du Vercors, si demain l’élevage venait à disparaître, sans aucune autre activité, à terme, cela se traduirait par de la broussaille et des feux.

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